Bonnes Pratiques

Donnez le cours que vous auriez adoré suivre !

De 29 septembre 2013 avril 1st, 2019 Commentaires

Aujourd’hui, internet nous offre une chance formidable : la quantité d’informations disponibles est telle que nous pouvons à tout moment assouvir, et nourrir tout à la fois, notre soif d’apprendre et d’explorer une myriade de territoires de connaissances. Dans ce contexte – où le savoir est disponible et accessible gratuitement, à toute heure et en tout lieu – qu’advient-il du rôle de l’enseignant ? Question encore plus pernicieuse : comment justifier encore l’utilité de payer pour faire des études supérieures quand :

– on assiste au développement incroyable des MOOCs (Massive Open Online Courses) délivrés par les meilleures universités du monde et de l’engouement massif que cela engendre ;

– les murs de la salle de classe bougent pour devenir mondiale avec Wikipédia (plateforme sur laquelle tous les élèves du monde se renseignent régulièrement pour faire leurs devoirs et exposés) ;

– la connaissance ne s’acquiert plus seulement à l’école mais partout ailleurs, ni grâce à un prof en position d’expert devant une foule de non sachant mais via de multiples canaux interconnectés, complexes et intelligents (nous n’allons plus sur Internet, nous sommes dans Internet ; tous connectés en quasi permanence nous suivons l’actualité en temps réel et pouvons nous renseigner sur n’importe quel sujet en un clic) ;

– la diffusion des idées s’est adaptée à cette révolution en dehors de l’école (de nouveaux formats pédagogiques de diffusion orale des connaissances ont vu le jour il y a plusieurs années et ils ont aujourd’hui un rôle tellement impactant qu’ils concurrencent le monde de l’éducation traditionnel : je parle bien sûr des conférences TED).

Les enseignants sont-ils amenés à disparaître ?

Deux constats qui mettent clairement à mal l’avenir du professeur classique :

1. Dans la conscience collective, l’éducation est toujours aujourd’hui plus ou moins synonyme de longues heures passées assis devant un enseignant, dans le meilleur des cas, ponctuées de quelques questions et interactions, dans le pire des cas, ne joignant aucune valeur ajoutée à un polycopié (ou powerpoint en ligne) qui sera de toute façon distribué à la fin du cours…

2. Internet, système complexe qui est rapidement devenu au fil des années un être vivant à part entière, engrange une foultitude démentielle, croissante et infinie d’informations et d’enseignements plus ou moins pertinents, et bombarde son contenu de façon plus ou moins indifférenciée et organisée.

Si l’on met ces deux phénomènes en perspective, on comprend rapidement l’urgence à résoudre ; sans quoi les inadaptés du système, et ils sont nombreux, vont disparaître : c’est le principe de la sélection naturelle. L’enseignant sera de moins en moins crédible (et donc utile) en tant que diffuseur de savoir… Il doit donc devenir :

– facilitateur de connaissances,

– sélectionneur des flux d’informations pertinents,

– formateur et guide pédagogique,

– catalyseur de passions et d’amour du savoir,

– enchanteur et grand orateur,

– provocateur de vocations,

– explorateur du doute, de l’incertain et donc de demain, en bref précurseur, éclaireur, visionnaire

– développeur d’outils et de méthodes d’apprentissage appropriés à un monde qui change…

J’essaie donc humblement de me poser toujours la question suivante : est-ce que j’aurais aimé assister à la présentation (ça marche aussi avec conférence, cours, etc.) que je donne ?

Je cherche de l’inspiration partout mais quelque chose en particulier retient toute mon attention ces derniers temps : pourquoi les conférences TED marchent aussi bien (sous-entendu sont de réels vecteurs de connaissances et de plaisir associé) et comment l’adapter au système éducatif actuel ?

Sur le plan cognitif, il est clair que nous savons exercer une concentration efficace sur un laps de temps court et aussi que nous apprenons mieux quand nous nous amusons, quand nous observons les autres, quand nous partageons…* (Des vidéos courtes, drôles et dynamiques sont sans cesse diffusées, partagées, échangées, visionnées entre amis dans le monde entier. La génération des YouTubers existe bel et bien). Et c’est dans cette perspective (l’apprentissage par le divertissement) et pour répondre à ce principe* que les conférences TED ont emboité le pas à cette nouvelle donne pour se bâtir une place de choix parmi les plus grands influenceurs. Résultat, un succès planétaire.

Et je crois fondamentalement que nous devons nous en inspirer !

Have you met TED ?

Intelligentes, à la pointe, drôles, marquantes, dynamiques voire poétiques ou philosophiques, les conférences TED (Technology, Entertainment and Design) sont des événements organisés autour de thèmes clés et actuels, regroupant des orateurs aux profils charismatiques, spécialistes de leur domaine (sciences, arts, etc.) dans le but de diffuser des idées innovantes en 18 minutes maximum ; des « idées qui valent la peine d’être diffusées » (en anglais : ideas worth spreading).

Les enregistrements vidéo des meilleures conférences sont gratuitement mis à disposition sur internet. Ainsi, les contributions de centaines d’orateurs (sous licence Creative Commons : Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification) sont donc disponibles (traduites et sous-titrées dans de nombreuses langues) sur le site officiel (qui a déjà reçu plus de 30 millions de visiteurs depuis son lancement).

En tout, plus de 6000 événements TEDx (déclinaison du format TED dans le monde) ont déjà eu lieu dans plus de 1000 villes du monde entier. Il y en a même très régulièrement en France. L’ampleur du phénomène est telle que des initiatives françaises rejoignent le mouvement comme Treize minutes (Université Paris-Diderot), et j’espère sincèrement que ce format pourra pénétrer la sphère de l’éducation fondamentale, un système aujourd’hui dépassé, suranné et qui doit se refonder.

Lancez-vous ! Enseignez comme vous aimeriez apprendre et donnez le cours que vous auriez aimé suivre !

P.S. : Ici, j’ai fait une sélection des meilleures conférences TED sur l’éducation.